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doolhoofd [2019-05-17 10:20:13 +0000 UTC]

"Comment fonctionnent nos sociétés prétendument rationnelles et programmées? Qu'est-ce qui fait marcher, qu'est-ce qui fait courir les populations? Les progrès de la science, l'information objective, l'intelligence des faits et des causes, le châtiment réel des coupables ou l'accroissement du bonheur collectif? Nullement: rien de tout cela n'occupe personne. Ce qui fascine tout le monde, c'est la débauche des apparences, que la réalité soit partout et toujours débauchée par les apparences. Ça, c'est un jeu intéressant, et c'est ce qui se passe dans les media, dans la mode, dans la pub - plus généralement dans le spectacle de la technologie, de la science, de la politique - dans le spectacle de quoi que ce soit. Le véritable partage social actuel, c'est le partage collectif de la séduction. Une révolution, pour advenir, doit nous séduire, et elle ne peut le faire que par les signes. Mais une révolution peut être historiquement déterminante: sa présentation seul en est sublime. Et que choisissons-nous? 'Le peuple ne désirait pas vraiment la révolution, il n'en désirait que la vue,' disait Rivarol. Pour tel effet de simulation, ou de séduction comme on voudra, nous sommes prêts à payer n'importe quel prix, bien davantage que pour la qualité 'réelle' de notre vie. La pulsion spectacliste est plus puissante que l'instinct de conservation, c'est sur elle qu'il faut compter. Il n'y a pas de principe de réalité ni de plaisir. Il n'y a qu'un principe final de réconciliation et un principe infini du Mal et de la Séduction." - Jean Baudrillard, Les Stratégies Fatales

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