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LEQUARK — The Bad Fishing Trip by-nc-nd

Published: 2013-09-07 19:12:47 +0000 UTC; Views: 1983; Favourites: 101; Downloads: 0
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Description a new collaboration with Julien...

Bwiti:shoot
Lequark:C4D+Photoshop+postprod

story by Bwiti

- Sais-tu mon petit qu'il est à présent l'heure de dormir ?
− Non papi, s'il te plait raconte moi encore une histoire.
− Voyons, tu te lèves bien tôt demain, il est plus que temps de fermer tes jolis yeux.
− Allez papi, une petite, une toute petite...
− Bon, alors vraiment la plus petite histoire que je connaisse.
Te rappelles-tu le lac cet été, dans les montagnes, ce grand lac noir dans lequel nous avons jeté tant de cailloux ?
− Oui papi je me souviens.
− Te souviens-tu aussi que je te disais de faire très attention de ne pas trop t'approcher du bord ?
− Oui papi je me souviens bien.
− Et bien vois-tu, ce grand lac noir je le connais depuis fort longtemps. Cela remonte à un âge où tu n'existais qu'à peine, tu n'étais toi qu'une tout petite poussière égarée dans l'espace, une infime particule, sans âme ni volonté. Ton papi lui, était un homme jeune, jeune et robuste. A l'époque je travaillais dans les bois, avec mon papa à moi, tu ne l'as pas connu mais tu lui ressembles tant. Je travaillais au coeur de la forêt, loin très loin d'ici, nous y coupions des arbres, imagine toi qu'en ce temps-là, les villages n'étaient bâtis que de bois. Pas comme aujourd'hui. Chaque jour, nous abattions toute sorte d'essences, j'aimais travailler avec mon père, le sentir derrière moi abattre sa hache dans le tronc, écouter sa respiration, sentir son souffle. Nous ne faisions pas un mauvais métier sache-le. Mais tout le monde n'était pas de cet avis. Il était en particulier de jeunes gens, écervelés pour tout te dire, qui venaient dans la montagne nous chercher chicane. Ceux-là nous aboyaient dessus des insultes sans nom, ils nous accusaient d'être des assassins, de détruire la forêt, de massacrer le pays. Tu imagines bien que nous éprouvions bien de la peine à entendre ces choses là, nous avions besoin de travailler, mon père avait la responsabilité de rapporter du pain à la maison, et bucheron était son gagne pain. Alors, lorsqu'ils nous criaient ainsi dessus, nous ne disions rien, nous supportions avec résignation. Seulement, je ne possédais pas la patience de mon père, j'étais très jeune souviens-toi. Donc, un beau jour je finis par me rebiffer, comme le chat à qui l'on tire trop fort la queue et trop longtemps, et qui se retourne tout d'un coup, sans crier gare, pour griffer et mordre à pleine dent. De les entendre de la sorte nous appeler de tant de noms d'oiseaux, je me suis jeté sur le plus grand, celui qu'était à crier le plus fort. Habituellement la forêt restait silencieuse, c'était un univers où l'on se sentait bien, alors quand tout est parti en bataille, les frondaisons ont retentit d'une belle clameur. Ce fut tout d'un coup comme si tous les animaux se mettaient à hurler tous ensemble ! On entendit les loups, les grands ducs et tous les rongeurs couinèrent dans une longue complainte ! Les arbres s'entrelacèrent, et les branches se mirent à craquer de concert, on vit leur cime ployer jusqu'à terre en de longs grincements lugubres, tandis que des gémissements et des sanglots nous parvenaient du fond de l'obscurité.
Les jeunes gens paniqués partirent en courant, dévalant la pente de la montagne sans se retourner, on aurait dit qu'un grand feu les poursuivait. Mon père sans doute, avait ressentit que ces pauvres bougres étaient en train de perdre la raison, que la panique leur avait retiré tout sens des réalités, et imagine toi qu'il se lança à leur poursuite. Alors que penses-tu que ton papi fit ?
− Ben je sais pas.
− Je me suis mis à courir pardi ! Que voulais-tu que je fasse ? Que je reste tout seul au fond de la forêt gémissante ? Non bien-sur je me mis à les suivre, difficilement c'est vrai, mon père courrait comme un diable. Les jeunes gens ne semblaient plus entendre que leur coeur affolés, on avait beau leur crier de s'arrêter, ils ne nous entendaient plus. Hélas... hélas...
Les pauvres zèbres ne connaissaient pas la région, ils ignoraient qu'au bout du bois, quand on descend au delà de l'orée, la forêt s'arrête nette pour laisser place au vide abrupt... la falaise du lac. Ils ne le savaient pas. J'entendais mon père leur hurler de s'arrêter, jusqu'à en perdre la voix. Mais rien ni personne ne pouvait empêcher ce qu'il advint. Tous, m'entends-tu ? Tous sans exception chutèrent dans les eaux noires du lac. Sans un son, sans un bruit. Ni cri, ni plouf. Mon père qui était un homme très valeureux, plongea à leur suite, et ne remonta pas plus qu'eux.
Je suis resté longtemps, au bord du précipice, muet. Le vent froid venait me gifler le visage et semblait me dire « Mais saute bon Dieu ! Saute ! » ! Je suis resté longtemps, crois moi, très très longtemps comme cela. Ton papi, bien jeune, au-dessus de sa peur. A un moment, un gros nuage noir a découvert la lune, tout d'un coup une lune brillante et blanche éclaira les étendues mornes du lac. Et dans un rayon de lumière, alors que je m'apprêtais à m'élancer vers les profondeurs, je vis mon père dans un bateau, une frêle embarcation de pécheur me faire de grands gestes au loin. Je le vis lui, avec à ses côtés frigorifiés, assis contre un tas de filets, les jeunes bougres, emmitouflés dans des couvertures.
Ce jour-là, j'ai compris ce que le mot « vivre » signifiait, comprends-tu mon petit ? Vivre, vivre, vivre...
Allez bonne nuit et ne réfléchis pas trop au lac. Pense plutôt à demain et à la belle journée que nous allons passer.
− Oui papi. Bonne nuit papi.
− Bonne nuit mon petit.
− Vivre... vivre... vivre....





もじゃもじゃ
Moja Moja©, or the origins of Little Monsters ...

Moja Moja is a Japanese onomatopoeia: a ball of hair that makes you want to fiddle with your fingers ...

thanks to see the series : Moja Moja© lequark.deviantart.com/gallery…




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Comments: 21

Babou-Shka [2013-12-12 14:04:36 +0000 UTC]

Excellent

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LEQUARK In reply to Babou-Shka [2013-12-12 14:46:46 +0000 UTC]

merci!

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Babou-Shka In reply to LEQUARK [2013-12-12 15:34:32 +0000 UTC]

Je t'en prie

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nool2i [2013-09-14 07:00:00 +0000 UTC]

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LEQUARK In reply to nool2i [2013-09-16 16:10:42 +0000 UTC]

thanks!

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ReikoNakamura [2013-09-12 03:51:54 +0000 UTC]

I wish I had more artistic vocabulary to say exactly what I love so much about it, but I think it's just beautiful!

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LEQUARK In reply to ReikoNakamura [2013-09-12 13:32:25 +0000 UTC]

thanks

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Pierre-Lagarde [2013-09-10 18:42:45 +0000 UTC]

Drôle, superbe, tout ça

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LEQUARK In reply to Pierre-Lagarde [2013-09-11 08:31:10 +0000 UTC]

merci, Pierre

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Pierre-Lagarde In reply to LEQUARK [2013-09-11 11:40:46 +0000 UTC]

Pas de quoi Frédéric

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NSolanki [2013-09-09 22:46:28 +0000 UTC]

This is one of my favourite ones! Well done.

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LEQUARK In reply to NSolanki [2013-09-11 08:33:05 +0000 UTC]

thanks a lot!

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BergOne [2013-09-09 02:22:48 +0000 UTC]

Oh oh....

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LEQUARK In reply to BergOne [2013-09-09 15:01:42 +0000 UTC]

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madre-superiora [2013-09-07 21:48:11 +0000 UTC]

ohhh so cute!

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LEQUARK In reply to madre-superiora [2013-09-09 15:02:25 +0000 UTC]

thanks

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StephanePellennec [2013-09-07 19:33:29 +0000 UTC]

Diable! Faut pas les laisser grandir ces bestioles ou c'est elles qui vont nous pêcher.

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LEQUARK In reply to StephanePellennec [2013-09-07 20:24:32 +0000 UTC]

heu... c'est peut être déjà fait....

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StephanePellennec In reply to LEQUARK [2013-09-07 20:28:32 +0000 UTC]

On n'est pas dans la mouise.

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LEQUARK In reply to StephanePellennec [2013-09-07 21:30:29 +0000 UTC]

étonnant! mouise vient de l'allemand, mue... on est dans la bouillie

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StephanePellennec In reply to LEQUARK [2013-09-07 20:26:22 +0000 UTC]

Ben oui

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